">
Site général : jeanclaudemeynard.com |
JEAN-CLAUDE MEYNARD, LA VIE EN JEU.
|
Tous les rites d’initiation le montrent - et la psychanalyse le confirme: il faut se perdre pour se trouver. Nous vivons notre fausse personnalité dans une fausse réalité et nous ne pouvons trouver notre identité vraie dans une réalité vraie qu’au-delà d’une expérience dramatique de la lucidité: la traversée des apparences. C’est à ce compte d’un vertige dans lequel nous risquons aussi bien de nous perdre que nous avons peut-être quelque chance d’avoir pied dans le monde. |
||
La peinture de Meynard à mes yeux développe les figures de quelques rites de passage et sa force est de ne pas en donner des images métaphoriques: ses figures appartiennent à notre monde et à nos moeurs. Le peintre appartient au siècle du flipper (et l’on sait que dans le nouvel argot des jeunes le nom américain du billard électrique a engendré le verbe flipper, qui veut dire dériver, qui désigne une prise d’écart à l’égard de la réalité matérielle et sociale). Le plus étonnant des gadgets de la société de consommation appartient d’ores et déjà à une riche mythologie dont le célèbre fabricant Gottlieb (c’est-à-dire Amour de Dieu) a été le grand prêtre par qui le rite s’est universellement répandu. |
Dans une toile de sa dernière série consacrée au jeu et au pari, Meynard a représenté un |
|
Le pop-art n’était un réalisme qu’en apparence. Tout le glissement qu’il opérait de l’objet à La précision dite photographique en peinture nous trouble et jadis déjà le trompe l’oeil créait |
L’année suivante, l’exposition de Meynard s’intitulait sans ambiguité « Pertes d’Identité » et se référait clairement au trouble schizophrénique que le Petit Robert définit comme repli sur soi, difficulté d’adaptation aux réalités extérieures » (c’est une litote). La solitude, l’angoisse, le suicide y apparaissent comme conséquences d’une réalité délirante dont les images avaient été au préalable données à la manière du pop-art (qui à sa manière, est peut-être bien un délire). La manière du peintre s’adaptait à cette évolution de son sujet et sa facture auparavant glacée (comme les photos peuvent se tirer sur papier glacé), sans perdre de sa précision, se brouillait dans une sorte de nuée pointilliste, comme si la trop forte évidence des choses ne pouvait plus être supportable qu’à travers un écran. |
|
Cette double dérive du sujet et de la manière, Meynard l’a continuée avec la «Série Noire» qui compose une histoire mystérieuse où rien n’est vraiment dit mais où tout un ensemble d’indices peut entraîner l’imagination sur bien des pistes. Antonioni, Hitchcock, Patricia Highsmith, entre autres, en sont des références précises dont la compréhension n’est pourtant pas nécessaire pour sentir la présence inquiète de cette peinture dont le ressort est une angoisse mélancolique dans la solitude, avec cette impression qu’à chaque instant quelque chose qu’on ignore est sur le point de se passer. Une ombre, un reflet sont là comme signes d’une présence menaçante. L’autre vient de faire son apparition. |
|
Le jeu, au sens du pari, ne va jamais sans angoisse, et ce que l’on risque de perdre, encore D’abord un certain vide du monde (parce que trop plein de choses). Ensuite la solitude. Puis |
|
Un jeu de miroir qui dédouble l’image. Un jeu de prisme qui la morcelIe. La réalité serait
|